Scolarisation : Le Foyer-école des enfants aveugles, malvoyants et abandonnés se meurt
Ce centre d’accueil et d’alphabétisation pour personnes déficientes visuelles et des démunis est dans un état de délabrement avancé.
Une seule salle classe pour toute une école primaire. Surprenant peut-être, mais vrai. Nous sommes en plein cœur de Yaoundé, précisément au Foyer-école des enfants aveugles, malvoyants et abandonnés. Dans cette unique salle, huit table-bancs disposés en deux rangées. Lesquels sont occupés par des élèves de différents niveaux : Sil, CP, CE1, CM1, et CM2. Ils sont pour la plupart non-voyants, mais on y retrouve aussi un enfant déficient auditif.
Dans cette école qui a grandi avec le temps, passant d’un simple hangar exposé aux intempéries à une salle de classe plus ou moins bien construite, le train de la rentrée scolaire 2022-2023 est en marche depuis le 5 septembre comme partout ailleurs sur l’étendue du territoire national. « Dès la rentrée, nous avons commencé par classer les enfants dans la salle car ils ont des niveaux différents. Nous leur avons distribué livres et les cahiers, bref tout le matériel scolaire », explique Michel Ewolo, l’un des deux enseignants de cette école.
A ce jour, l’école compte une dizaine d’enfants, mais selon les encadreurs, les effectifs ne sont pas encore complets. « Au fur et à mesure qu’ils arrivent, chacun occupe sa place », apprend-on. L’établissement est certes petit, mais il fait des résultats plutôt encourageants. « Nos anciens élèves ont eu le Certificat d’études primaires et on les a dispatchés d’autres établissements pour poursuivre leur scolarisation », explique Michel Ewolo.
Pour atteindre cet objecti, le personnel enseignant s’est réparti les rôles. « Je m’occupe des niveaux 1 et 2 (de la Sil au CE2) et le maître s’occupe du niveau 3 (CM1 et CM2). », indique Anne-Marie Katchang, enseignante. Il faut surtout faire preuve de beaucoup de patience. « Les enfants ont des niveaux différents donc ce n’est pas facile. Quand je fais une leçon, je suis obligée de revenir dessus jusqu’à ce qu’ils l’assimilent. C’est pas à pas », renchérit la maîtresse.
Toutefois, il est possible d’espérer de meilleurs résultats. Pour cela, il faut juste améliorer les conditions de travail. « Nous faisons face à un manque de matériel pédagogique pour un meilleur suivi de ces enfants. Parfois les âmes de bonne volonté nous font des dons, mais il y a des matériels qui sont difficiles à trouver », regrette Michel Ewolo. « Nous aimerions que ceux qui le peuvent nous aide », poursuit-il. Côté salaire, n’allez pas demander aux enseignants ce qu’ils gagnent. C’est minable, vous répondront-ils. Un travail bénévole puisqu’après 20 années passées ici, Michel Ewolo est obligé de se battre ailleurs pour pouvoir payer son loyer. La situation n’est pas différente pour Anne-Marie Katchang, sa collaboratrice, en service ici depuis cinq ans.
Faut-il le dire, au-delà de l’école, foyer-école des aveugles, malvoyants et abandonnés sert d’abri à de nombreuses personnes déficientes. Ce matin d’ailleurs quatre de ses pensionnaires, âgés entre 12 et 18 ans s’entraînent à jouer au balafon. Ces jeunes constituent en fait l’orchestre qui se déploie lors de grandes cérémonies au foyer. Non loin, un espace lugubre qui sert de dortoir aux pensionnaires du foyer. Ça respire la misère. Il y a urgence d’agir pour sauver ce foyer en décrépitude qui se meurt au jour le jour.
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