Dr Henry E. Nkumbe: 50 000 personnes ont besoin d’une opération de la cataracte au Cameroun par an
Le directeur général de l’Hôpital des yeux d’Obak expose les raisons qui motivent l’organisation par l’institution dont il a la charge d’une campagne de chirurgie de la cataracte.
Dans le cadre des activités marquant la Journée mondiale de la vue commémorée le 13 octobre dernier, l’Hôpital des yeux d’Obak a décidé d’offrir gratuitement la chirurgie aux patients atteints de la cataracte. Pourquoi un zoom sur cette maladie ?
Chaque année au Cameroun, 50 000 nouvelles personnes ont besoin d’une opération de la cataracte. A cela s’ajoutent les 150 000 qui existent déjà. Malheureusement, nous n’arrivons à faire que 12 000 opérations de la cataracte par an. Les raisons sont diverses, notamment l’incapacité de payer les soins. Nous avons donc décidé d’offrir la chirurgie gratuite à nos papas et à nos mamans qui habitent dans les villages. Au cours de la première phase de cette campagne en juillet, nous avons opéré environ 278 personnes atteintes de la cataracte. Pour cette semaine de la vue, nous envisageons d’opérer plus de 200 personnes, ce qui va nous emmener à environ 500 personnes opérées.
Pourquoi le choix des personnes âgées des zones reculées comme cible ?
La plupart des personnes qui vivent avec la cécité ce sont les personnes âgées. Au Cameroun, 80% de personnes qui vivent avec la cataracte sont âgées de 50 ans et plus. Nous savons également qu’il y a un cercle vicieux entre la pauvreté et la cécité. Plus les gens sont pauvres, plus ils sont exposés à la cécité. Dans nos villages, quand un papa ou une maman perd la vue, on retient souvent un enfant pour l’aider, ce qui ne donne plus la possibilité à cet enfant d’aller à l’école ; malheureusement dans la plupart des cas, ce sont les filles qui sont choisies pour jouer ce rôle. Nous avons décidé d’aller dans les villages pour aider ces parents. Et après l’opération, ils peuvent reprendre leurs activités économiques. Cette opération rend les gens beaucoup moins dépendants et réduit l’isolation.
L’autre raison c’est qu’une étude publiée récemment démontre qu’il y a un lien étroit entre la démence et la malvoyance. Aux Etats-Unis, ils ont constaté que s’ils avaient pris en charge toutes les personnes souffrant des problèmes de vue, ils auraient pu limiter 100 000 cas de démence en une année. Au Cameroun nous n’avons pas de données, mais j’ose croire que c’est la même chose.
En gros la cataracte n’attaque que les personnes âgées…
Non. Il y a la cataracte congénitale qui attaque les enfants et là encore, c’est pire. Il y a une prévalence plus élevée de la cataracte chez les enfants dans les milieux pauvres. 50% des enfants qui perdent la vue meurent environ un an après la survenue de la cécité. Deuxièmement, nous savons que la perte de la vue peut empêcher les enfants de faire beaucoup de choses, notamment aller à l’école.
Qu’entend-on par cataracte ?
C’est un vieillissement du cristallin de l’œil. Le cristallin c’est la lentille de l’œil qui, avec l’âge, devient opaque. Le traitement simple : on opère pour enlever cette lentille opaque, puis on la remplace par un implant artificiel, ce qui permet de recouvrer la vue.
Peut-on éviter la cataracte ?
Il y a différents types de cataracte et la principale dont nous parlons ici, c’est la cataracte liée à l’âge. Si Dieu nous permet de vivre jusqu’à 80 ans, il est possible que nous développions la cataracte. Ce n’est pas une fatalité. La bonne nouvelle c’est qu’au Cameroun, nous avons la technologie et des compétences un peu partout dans le pays pour prendre en charge cette maladie. Nous appelons toutes les personnes de bonne volonté et les entreprises à se joindre à nous en soutenant cet effort pour restaurer la vue des patients.
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