Dans le cadre des activités marquant la Journée mondiale de la vue célébrée le 13 octobre dernier, l’Ordre national des opticiens du Cameroun a organisé une marche sportive en différé deux jours après. Pourquoi une marche sportive en lieu et place d’une consultation gratuite qui aurait peut-être fait plus de bien aux populations ?
En réalité, nous sommes rendus à la deuxième activité organisée dans ce cadre. La première a eu lieu le 13 octobre et il s’agissait de la sensibilisation des automobilistes aux problèmes de la vue. La marche sportive que nous avons organisée, c’est pour dire non aux lunettes de la rue. Nous voulons attirer l’attention sur le danger que représentent ces gadgets.
Quels sont ces dangers ?
Les dangers sont multiples. Le pire c’est la perte de la vision. A côté, nous avons le vieillissement de la vue, l’affaiblissement accéléré et plein d’autres dégâts qui peuvent survenir. En fait, les lunettes de la rue ne respectent aucune prescription, encore moins une norme. Si je prends l’exemple des lunettes de soleil, vous verrez qu’elles n’ont aucune protection anti-ultraviolets, pourtant ce sont les rayons ultraviolets du soleil qui sont très toxiques pour la vue. Quand vous les portez, la défense naturelle de l’œil est relâchée et les rayons ultraviolets entrent en abondance dans l’œil, entrainant de lourdes conséquences. La preuve c’est que plusieurs personnes ont porté ces lunettes et se sont plaints des yeux qui rougissaient.
Qu’est-ce qui fait problème, les lunettes de soleil ou le lieu d’achat ? Est-ce que les opticiens peuvent prescrire des lunettes de soleil qui soient portées sans danger ?
Bien sûr que si. Les lunettes de soleil vendues chez un opticien sont des lunettes qui respectent un certain pourcentage de filtration des rayons ultraviolets. Ces lunettes sont prescrites en fonction de certaines propriétés et diffèrent d’une personne à une autre. C’est pareil pour les lunettes médicales qui sont prescrites après une démarche qui donne des indications correctrices précises. Elles sont censées corriger un mal dont se plaint le patient. Si on achète donc des lunettes inappropriées, on va aggraver son mal.
Selon vous qu’est-ce qui entretient le commerce des lunettes de la rue ?
Nous avons la législation qui n’est pas encore au beau fixe, l’ignorance des populations qui courent vers les lunettes de la rue parce qu’elles sont moins cher et chemin faisant exposent la vue à une situation irréversible.
Combien coûte en moyenne une paire de lunettes chez un opticien et avez-vous l’impression que tous les Camerounais peuvent s’en offrir ?
C’est une question qui me revient tout le temps. Mais j’ai l’habitude de dire que la lunette n’est pas un bout de pain ou un objet qui a un prix standard. Le coût est patient dépendant. Deux personnes peuvent porter des paires de lunettes apparemment semblables, mais qui sont très différentes, selon diverses propriétés. Je peux demander des lunettes parce que je veux utiliser un ordinateur, parce que je veux conduire…bref en fonction de mes besoins.
Le nombre réduit d’opticiens répartis sur le territoire national n’est-il pas l’une des raisons qui expliquent la ruée des populations vers des lunettes de la rue ?
Jusqu’à un passé récent, oui. Mais aujourd’hui, trois écoles d’optiques dont désormais opérationnelles sur le territoire national. Cette année, on a recruté 100 opticiens et de plus en plus, vous allez rencontrer des opticiens qualifiés et de plus en plus des magasins d’optique autorisés à exercer seront reconnaissables.
A l’inauguration de l’immeuble siège de l’Ordre national des opticiens du Cameroun le 27 août 2021, vous disiez que des opticiens sont complices de la prolifération des boutiques d’optiques non-autorisées. Maintenez-vous cette accusation, plus d’un an après ?
Aujourd’hui, je dirai plutôt que j’en appelle à la responsabilité de chacun. Les autorités ont pris leurs responsabilités en agréant deux autres écoles d’optique et au lieu de 15 opticiens qu’on recrutait par an, on en a recruté 100 cette année. Je salue cette action gouvernementale qui nous accompagne. Le ministre de l’Administration territoriale a instruit l’arrêt des campagnes sauvages que l’on organisait à l’intention des populations et nous en voyons le fruit aujourd’hui. Concernant les opticiens eux-mêmes, nous continuons à les sensibiliser à la responsabilité, de même que les populations. Nous envisageons également des formations continues. Le mot phare aujourd’hui c’est « Non aux lunettes de la rue ». Que chaque personnes qui a des problèmes de la vue ou qui en ressent les symptômes ; si quelqu’un a des difficultés à voir de loin ou de près ou des maux de têtes récurrents, qu’il se rapproche des spécialistes de la vue qui sont dorénavant un peu partout.
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