Yaoundé : Le décès d’un bébé de sept semaines fait polémique
Par Guy Martial Tchinda
Il y a quatre jours, Julienne Ezembe perdait le sourire. Depuis lors elle est triste, affligée par la perte de sa fille. La petite Andréa, s’en est allée après juste sept semaines de vie. Emportée par une anesthésie à elle administrée pour une ponction lombaire. Le drame est survenu dans la soirée de dimanche, 2 avril à Yaoundé à la Clinique le Jourdain à Yaoundé. « Mon bébé que j’ai cherché, que j’ai porté, que j’ai accouché. Mon bébé qu’on a aimé plus que nos propres vies », se lamente Julienne Ezembe, inconsolable.
Cette dernière crie au scandale depuis le décès de sa fille. Elle accuse le corps médical d’avoir administré de l’anesthésie à son enfant contre sa volonté. « Notre fille de sept semaines a perdu la vie hier (dimanche) à la suite d’une anesthésie pendant une ponction lombaire. Acte pratiqué sur elle sans notre consentement et contre notre volonté. Anesthésie pratiqué par un infirmier tout simplement parce qu’elle était agitée », déclare-t-elle. « Mon enfant a été tuée », martèle Julienne Ezembe.
Persuasion
Nous avons essayé en vain de joindre le directeur de la Clinique le Jourdain. Néanmoins, de source interne à cette formation sanitaire, l’histoire telle qu’elle s’est déroulée serait différente. A l’admission de l’enfant à l’hôpital, l’on soupçonnait une méningite, apprend-on. « On a eu l’accord du pédiatre qui a demandé qu’on fasse une ponction lombaire pour écarter la piste d’une méningite. Celui qui le fait le plus souvent c’est l’anesthésiste. On a informé la dame de l’acte qui allait être posé sur l’enfant et au début, elle a refusé. Mais on l’a convaincu », explique notre source que nous appellerons Jospin Y. au cours de cette enquête.
La mère de la petite Andréa finira par accepter cette décision, donnant quitus au corps médical de procéder à la ponction. Mais des minutes plus tard, elle se rebiffe, récusant l’anesthésiste, apprend-on. C’est alors que commence une autre session de counseling, l’objectif étant de l’emmener à accepter à nouveau cette ponction sous anesthésie. Un coup réussi, selon notre interlocuteur. « On lui a expliqué que le plus souvent, c’est l’anesthésiste qui le fait, et non pas les médecins. Elle a validé et on a emmené l’enfant en salle pour le prélèvement. On a demandé à la famille de sortir et on fait le prélèvement », déclare Jospin Y.
Une version des faits que Julienne Ezembe. « Je n’ai donné aucun consentement éclairé pour cette ponction. Encore moins mon fiancé. On ne nous a même pas informés d’une anesthésie, encore moins d’un possible risque. La preuve, ils n’ont aucun consentement signé de notre part, ce qui est normalement obligatoire pour ce genre d’acte », se défend-elle. Non sans accusé le personnel de n’avoir usé que de pression et de mensonge pour gagner de l’argent.
Jusque-là, tout va bien. « Mon collègue qui était présent m’a dit que tout s’est bien passé. Il a pris le pouls fémoral et il battait encore normalement », poursuit Jospin Y. Non sans rappeler que la famille est aussitôt mise en contact avec l’enfant.
Réanimation
La maman trouvant son enfant encore endormie et toute pâle soupçonne un décès et aussitôt s’inquiète, alertant sur le moment le corps médical. Quelques secondes suffiront à tous les médecins de garde de se retrouver pour prendre les paramètres de l’enfant. Jusqu’ici, l’espoir subsiste puisque le pouls fémoral bat encore. Sur décision des médecins, la petite Andréa est conduite en salle de réanimation.
« On a fait tout ce qui était possible, mais apparemment il y avait des complications puisque la coloration de la peau changeait déjà », informe Jospin Y. Les secondes s’égrainent, et les chances de réveiller Andréa s’amenuisent. Hélas ! Andréa dormira pour toujours. Sa maman n’en revient pas. Elle pleure sans cesse, se fâche et, sur le coup de la colère, s’attaque à tout ce qu’elle trouve. « Avec son accompagnateur, ils ont cassé les vitres et on même frappé sur les médecins. Le médecin de garde a été battu », apprend-on.
Police
Dans la panique, la formation sanitaire fait appel aux forces de l’Ordre. « Comme dans toute structure, quand il y a un problème, c’est normal d’appeler les forces de l’Ordre », explique Jospin Y. Faux, rétorque Julienne Ezembe « Face à notre détresse, le personnel nous a affirmé que le promoteur de leur structure étant un commissaire divisionnaire, rien ne pourra leur arriver. Ils ont fait venir deux pick-up pleins de policiers lourdement armés alors que nous voulions juste comprendre pourquoi notre fille était morte », argue Julienne Ezembe.
Elle a d’ailleurs invité le ministre de la Santé publique à réagir suite à ce cas. Exhortation faite sur Tweeter le 3 avril dernier. « Bonsoir M. le ministre. Que répondez-vous face à cette injustice », a-t-elle demandé. Une question qui demeure sans réponse. Du moins sans réponse officielle. Au ministère de la Santé publique, la Cellule de communication indique que Julienne Ezembe aurait mieux fait de saisir formellement le ministre de la Santé publique.
En attendant l’intervention du ministre de la Santé publique, Julienne Ezembe entend saisir les autorités compétentes pour que toute la lumière soit faite sur le décès de sa fille.
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