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Santé & Env - octobre 18, 2023

William Stève Djeugoue: De la « rue » à l’université

Après six ans de vie avec la schizophrénie qui l’a déconnecté de toute réalité, ce jeune Camerounais a retrouvé le chemin de l’école après sa prise en charge au « Village de l’amour ».

William Stève Djeugoue a repris le chemin de l’école. Inscrit cette année à la faculté des arts lettres et sciences humaines, il est heureux de renouer avec les études, six ans après l’interruption. Une joie que partage toute sa famille, laquelle n’espérait plus le voir bien portant. En fait, le jeune homme revient de loin.

Ses malheurs ont commencé il y a plus de six ans. «  Son papa et lui étaient très fusionnels et quand son papa est tombé malade, il en a été beaucoup affecté », explique Veuve Djeugoue née Bengono Gisèle, sa maman. Le jeune homme décompensera après le décès de son papa et ce qui n’était que mal-être va céder progressivement place à la maladie mentale, poussant William Stève Djeugoue à la rue. « Je faisais des vagabondages nocturnes un peu partout. On me voyait comme quelqu’un qui dérangeait et qui n’avait plus de raison », se souvient-il.

Toute chose qui n’a pas laissé sa famille indifférente. « Mon fils marchait nu, même dans la poubelle. Mais nous étions toujours derrière lui, à le chercher pour le ramener à la maison », déclare sa maman. C’est finalement grâce aux équipes de village de l’amour –unité de prise en charge des personnes atteintes de maladie mentale et errantes de l’Hôpital Jamot de Yaoundé- que débute un retour à la normale pour William Stève Djeugoue, mais pas sans efforts. « Quand il voyait les équipes approcher, il fuyait et revenait à la maison. Ces équipes ont tout fait pour l’emmener au village de l’amour », détaille sa maman.

Une fois à l’Hôpital Jamot de Yaoundé, le diagnostic révèle que William Stève Djeugoue souffre d’une schizophrénie, maladie mentale la plus invalidante pour ce qui est de la capacité de la personne à se prendre en charge, à en croire le Dr Christian Eyoum, psychiatre. « Elle touche 1% de la population mondiale. Il s’agit à la base d’une perturbation dans le cerveau. Comme si un court-circuit venait brutalement perturber le fonctionnement naturel du cerveau. Les pensées se troublent, les émotions se voient toutes perturbées, le comportement paraît étrange », explique ce professionnel de la santé mentale.

Débute alors sa prise en charge qui a, en moins d’un an, permis de le stabiliser. « Au fur et à mesure qu’il prenait son traitement, il reprenait conscience jusqu’à ce qu’un jour il me dise que sa place n’est plus à l’hôpital mais plutôt à la maison. On l’a récupéré, je pensais l’avoir perdu », indique Veuve Djeugoue née Bengono Gisèle. Aujourd’hui mieux portant, Stève William Djeugoue continue de prendre régulièrement son traitement, soit une injection tous les mois et d’autres médicaments pour améliorer son état de santé.

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