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Santé & Env - avril 25, 2023

André Nkomo: Les Pygmées utilisent les moustiquaires pour la pêche et la chasse

Le point focal paludisme au district de santé de Kribi, déplore l’usage que font les Pygmées de cet outil de prévention et parle d’autres problèmes qui freinent la lutte contre cette maladie.

La journée mondiale de lutte contre le paludisme se célèbre ce 25 avril. Quelle est l’ampleur de cette maladie à Kribi et dans les campements de Pygmées en particulier ?

Pour l’année 2022 le paludisme a représenté plus de 10 % des cas de décès dans les hôpitaux et il a occupé le 1er rang des motifs de consultations dans la région du Sud, et c’était le taux le plus élevé parmi tous les cas de maladie que nous avons enregistrés dans ce district pour l’année 2022. Les pygmées sont un peuple qui nomade qui reste dans les forêts et dans le Sud, on les retrouve dans le département de l’Océan, notamment dans les arrondissements de Niété, Akom 2, et Kribi 2e et bien d’autres. L’ampleur dans leurs campements est similaire à ce que j’ai dit précédemment.

Des campements visités notamment Bissiang et Maka’awoum, Ebome…, tous ou presque ne disposent pas de moustiquaires en dépit de leur vulnérabilité qui se traduit par leur milieu de vie propice à la piqûre de l’anophèle femelle, vecteur principal du paludisme. Qu’est-ce qui fait problème ? Ne reçoivent-ils pas les moustiquaires?

Le problème des Pygmées est presque général. C’est un peuple nomade qui ne reste pas sur place. Ils sont permanemment en déplacement, allant d’un campement à un autre selon les saisons et périodes de l’année. Il est très difficile de les cerner. Parfois lorsque la campagne de distribution de masse de moustiquaires avait lieu, certains avaient été recensés, mais au moment de la distribution la plupart n’était plus trouvable, voilà la raison pour laquelle ils n’ont pas reçu. Parmi ceux qui ont eu des moustiquaires, plusieurs les utilisent pour la chasse et la pêche, mais non pas pour se protéger contre les piqûres de moustiques.

A quand remonte la dernière dotation en moustiquaires imprégnées ? Pourquoi n’y a-t-il pas eu de renouvellement depuis lors?

Les campagnes de distribution de masse se font tous les trois ans la dernière a eu lieu en 2019. La prochaine campagne devrait avoir lieu en 2022, mais compte tenu des problèmes conjoncturels, cela a déplacé en 2023 en ce moment beaucoup de régions ont déjà eu leurs moustiquaires mais la région du Sud, pas encore. On attend d’en recevoir incessamment.

Comment procédez-vous pour la prise en charge du paludisme chez les Pygmées, du dépistage jusqu’au traitement ? Quel retour en avez-vous ?

Les Pygmées sont un peuple qui vit et respecte beaucoup sa tradition. Les emmener dans les centres de santé n’est pas facile parce qu’ils sont habitués à leurs traitements indigènes. C’est quelque chose que nous à laquelle nous ne nous opposons pas, mais le mieux c’est qu’ils viennent d’abord dans les centres de santé se faire consulter, faire des examens pour s’assurer que ce soit le paludisme avant de passer au traitement. Ils n’ont pas de laboratoire pour des tests, ce qui fait que souvent, c’est lorsque le malade se retrouve dans un état critique qu’on nous l’emmène à l’hôpital.

Ce que l’État a entrepris pour essayer de couvrir cette population c’est que chaque formation sanitaire devrait avoir des agents de santé communauté qui travaillent avec la communauté et qui peuvent aller jusqu’aux campements ou alors les formations sanitaires pouvaient faire des stratégies avancées en planifiant des jours de descente dans la communauté.

Cela se fait déjà mais avec beaucoup de difficultés puisque les agents santé communauté le font de façon bénévole et ce n’est pas aisé. La difficulté que nous avons particulièrement au district de santé de Kribi c’est qu’un partenaire nous accompagnait dans la lutte contre le paludisme mais son contrat est arrivé à terme en décembre 2022. Depuis lors le district est un peu abandonné à lui-même et les agents de santé communautaire ne sont plus suivis parce qu’il n’y a plus de moyens. En fait ce partenaire nous mettait les moyens pour accompagner les agents de santé communautaire qui faisaient des décentes chaque mois avec des intrants qu’on leur donnait gratuitement. Depuis que ce partenaire est parti c’est un peu difficile de suivre ces Pygmées dans leurs campements. Ce sont les personnels de santé qui doivent faire les descentes dans la communauté et le plus souvent ils utilisent les agents de santé communautaire qui sont en contact direct avec la communauté. Lorsque ces agents descendent dans le campement, ils font les consultations, les tests de diagnostic rapide de paludisme et prennent en charge des cas simples. Ils réfèrent les cas graves dans les formations sanitaires.

Quels sont aujourd’hui les défis de la prise en charge du paludisme chez les Pygmées ?

Le principal défi sera la prise en charge des agents de santé communautaire qui sont en contact avec la communauté. Chaque centre de santé, surtout en zone reculée devrait en avoir. Cela peut aider dans le sens où la formation sanitaire n’a pas toujours beaucoup de personnels. Nous avons des agents de santé communautaire qui avaient été formés avec l’appui de notre partenaire pour la lutte contre le paludisme dans les zones reculées, mais par manque de financements, ils sont un peu délaissés. Nous souhaitons qu’ils soient pris en charge par l’Etat. Cela va beaucoup améliorer la prise en charge chez les Pygmées.

Comment prévenir le paludisme chez les Pygmées ?

Ils doivent d’abord prendre conscience du danger que représente cette maladie, ensuite, la nécessité d’aller se faire soigner à l’hôpital. Très souvent, ils prennent les traitements traditionnels et quand il arrive qu’ils se soient trompés de diagnostic, le malade arrive à l’hôpital dans un état très avancé. Il faut aussi rapprocher les formations sanitaires de leurs campements. S’il faille qu’ils fassent des kilomètres pour arriver à l’hôpital, cela n’arrange pas beaucoup les choses.

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