Odette Juimo: Une femme non-voyante au Conseil municipal de Yaoundé 2

Odette Juimo fait partie du Conseil municipal de la mairie de Yaoundé 2. Une fonction qu’elle occupe depuis son élection lors des échéances législatives et municipales du 9 février dernier. Au sein dudit conseil, elle a su s’imposer malgré son handicap. Seule femme non-voyante au sein dudit conseil, elle entretient plutôt des relations cordiales avec ses collègues. « J’ai été agréablement surprises lors du dernier conseil. Les documents n’étant pas transcrits en braille et n’ayant pas d’appareil pour les traduire en version vocale, le maire a fait appel à quelqu’un pour venir m’assister. J’étais très émue. Nous prions Dieu pour que tout continue ainsi et que les personnes handicapées soient toujours prises en compte », se réjouit-elle.

La participation de Odette Juimo aux élections municipales de février dernier était en fait une deuxième tentative après une première qui s’est avérée infructueuse (puisqu’elle n’a pas été retenue par son parti politique le Rassemblement démocratique pour le peuple camerounais). Autant dire qu’elle ne se décourage jamais malgré sa déficience, elle qui est devenue progressivement non-voyante depuis l’âge de huit ans. « J’avais à peine huit ans. Au retour de l’école, j’ai eu l’impression qu’on m’avait versé de la poussière dans les yeux. Le mal a empiré au fur et à mesure que je grandissais et j’ai complètement perdu la vue lorsque j’avais 20 ans. J’étais au second cycle », se souvient-elle. Son mal va la contraindre à abandonner les études à un moment donné. « J’avais tellement mal », déclare-t-elle. Plus tard, elle est recrutée comme documentariste au ministère des Postes et Télécommunications.

Principal challenge de cette déficiente visuelle au cas où elle est élue, l’inclusion des personnes vivant avec un handicap à la sphère de prise de décision. « On pense dans la société que les personnes handicapées, surtout les personnes non-voyantes ne peuvent rien. Nous voulons montrer de quoi nous sommes capables », se convainc-t-elle. « J’ai constaté que lorsqu’on construit les édifices publics, on ne tient pas compte des personnes handicapées qui peuvent avoir des difficultés à prendre des marches », regrette-t-elle. Il faut donc, selon elle, améliorer l’accessibilité.

Ce n’est pas tout. Elle souhaite voir une commune plus propre et débarrassée des moustiques qui pullulent partout et qui transmettent les maladies. « On a distribué des moustiquaires mais ce n’est pas suffisant pour tuer les cafards, des moustiques et des souris qui sont déjà grosses comme des rats du fait des poubelles. Nous allons sensibiliser les populations à la propreté. Nous verrons dans quelle mesures financer des activités pour l’amélioration des conditions de vie des populations parce que la santé n’a pas de prix », fait-elle savoir.

Toujours concernant l’amélioration des conditions de vie des populations de la commune qu’elle aspire à gérer, Odette Juimo propose la mise en place des projets d’adduction d’eau. « Pour les populations des secteurs qui n’ont pas accès à l’eau, il faut faire des forages. Nous allons poursuivre le plaidoyer pour un accès de tous à l’eau », rassure-t-elle.