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Société - août 2, 2022

Cameroun : Que vaut la carte nationale d’invalidité ?

Enquête sur ce document officiel censé offrir des avantages en matière de santé, d’éducation de formation, de transport, entre autres, aux personnes handicapées.

Par guy Martial Tchinda

La carte nationale d’invalidité existe au Cameroun depuis près de 30 ans. C’est un document officiel qui permet aux personnes handicapées d’avoir accès à des avantages qui leur sont reconnus par l’Etat. Avantages qui leur facilitent l’accès à certains services, notamment des exonérations fiscales et des exemptions des frais d’éducation et de première formation professionnelle ; la réduction des frais de transport ; la réduction des frais de prise en charge médicale, l’aide à l’habitat, la réduction des frais d’accès aux sports et loisirs.
Des avantages qui sont offerts systématiquement par certaines institutions du pays, même si les autres traînent encore le pas. « Quand je vais à Ngaoundéré par exemple, je bénéficie d’une réduction sur l’achat du ticket du train grâce à ma carte nationale d’invalidité », renseigne Coco Bertin Mowa, directeur général du Club des jeunes aveugles réhabilités du Cameroun (Cjarc).

Face à ce fossé qui existe entre la théorie et la pratique, la Plateforme inclusive Society for Persons with Dishabilities dit intensifier le plaidoyer pour que toutes les institutions puissent intégrer de manière systématique la prise en compte de ces faveurs. « Il y a encore beaucoup de sensibilisation à faire pour que cela soit effectif et nous nous y employons », indique Nathalie Madiesse, chargée des programmes de cette plateforme. Un plaidoyer dont la communauté des personnes vivant avec un handicap souhaite voir aboutir le plus tôt.

La carte nationale d’invalidité est censée donner droit à une réduction des coûts de santé

Dérives

La carte nationale d’invalidité était jusqu’en 2020 délivrée par les services du ministère des Affaires sociales. Mais depuis cette année-là, sa délivrance est assurée par la Délégation générale à la sûreté nationale, après un accord entre cette institution et le Minas pour une plus grande sécurité. Pour en avoir une, l’intéressé doit fournir un dossier de demande de la carte nationale d’invalidité.

Ce dossier comporte une photo entière faisant apparaître la déficience pour les personnes handicapées motrices ; deux photos 4*4 et un certificat médical spécial délivré par un médecin spécialiste (otorhinolaryngologiste, ophtalmologue, psychologue ou psychiatre…) et un certificat de domiciliation. Le dossier ainsi constitué est déposé soit au ministère des Affaires sociales, soit dans ses services déconcentrés en fonction du lieu de résidence Du demandeur.

Il se trouve malheureusement que des personnes bien portantes usent de diverses manœuvres pour s’offrir cette carte. Ce, en vue d’accéder aux faveurs réservées uniquement aux personnes handicapées. La pratique n’est ni aussi récente, ni inconnue des autorités nationales. « Il m’a été donné de constater pour le déplorer, des manœuvres tant de la part des usagers que de certains responsables, tendant à faire bénéficier desdits avantages à des personnes non éligibles, à travers la délivrance indue des cartes nationales d’invalidité », reconnaissait le 12 avril 2011 dans une lettre circulaire Catherine Bakang Mbock, alors ministre des Affaires sociales.

En effet, reconnaissait-elle, la délivrance des certificats médicaux ne respecte pas toujours les normes ou les barèmes internationaux prévus en la matière, notamment en ce qui concerne l’évaluation et la détermination de la nature et du taux d’invalidité partielle permanente. Bien plus, certains certificats médicaux sont délivrés par des médecins non habiletés pour apprécier la spécificité des déficiences motrices, sensorielles ou mentales.

Emprisonnement

La loi du 13 avril 2010 portant protection et promotion des personnes handicapées interdit pourtant la délivrance de cette carte aux personnes non éligibles. En effet, l’article 43 de cette législation dispose que « est puni d’un emprisonnement de trois mois à trois ans et d’une amende de 50.000 à 500.000 Fcfa quiconque : a) délivre indûment une carte d’invalidité ; b) délivre une fausse pièce donnant lieu aux avantages reconnus à la personne handicapée ». Bien plus, l’article 44 de la même loi dispose que les peines prévus à l’article 43 s’appliquent à toute personne qui se fait établir ou utilise une fausse carte d’invalidité.

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