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Actu - septembre 27, 2022

Sandra Rimoh Dossou: Les femmes handicapées ne sont pas représentées dans les instances de prise de décisions

La chargée des programmes inclusion sociale de Sightsavers présente l’intérêt pour les femmes handicapées de s’engager en politique.

Par Guy Martial Tchinda et Justine Zoa (Stagiaire)

Le Réseau des femmes handicapées de l’Extrême-Nord a organisé, en partenariat avec la Plateforme Inclusive Society for Persons with Dishabilities et le soutien financier de Sigthsavers, un Café genre entre les femmes handicapées et les femmes politiques du Grand Nord les 26 et 27 septembre dernier à Garoua. Que vise une telle rencontre ?

La première raison c’est que nous avons observé que très peu de femmes sont réellement impliquées dans la vie politique et dans la vie publique ; et il y a plusieurs barrières qui freinent leur participation. Ce café genre a été l’occasion de mettre les femmes handicapées et les femmes politiques ensemble pour discuter des possibilités, des stratégies et des solutions qui pourront améliorer leur participation à la vie politique et publique. Nous avons pu observer que le regard, l’attitude et la terminologie que nous utilisons encore pour désigner les femmes handicapées font qu’il y a beaucoup de préjugés et de discriminations qui les empêchent réellement de s’impliquer. Il y a également des limites liées à l’accessibilité de l’information, de la communication et même l’accessibilité physique qui sont des freins pour la participation de ces femmes à la vie politique. Ces deux jours de concertation ont permis d’entrevoir des voies et moyens pour tester une approche notamment, la formule de coaching des femmes handicapées par les femmes politiques et, nous avons également salué la présence des hommes qui ont été choisis par les femmes comme coachs pour leur tenir la main afin de préparer les échéances futures car, 2025 (prochaine élection présidentielle au Cameroun, Ndlr), c’est maintenant que ça se prépare.

Quels défis majeurs voulez-vous relever à travers cette rencontre ?

C’est le défi de l’inclusion et de l’acceptation du handicap comme expression de la diversité humaine. Il faut beaucoup travailler pour que le regard qu’on porte sur la personne handicapée change, pour que les expressions que nous utilisons pour désigner les personnes handicapées changent également. Donc, il y a un gros travail de sensibilisation et de déconstruction des préjugés qui doit être mené ; il y a une grosse sensibilisation des élus locaux qui doit également être faite pour qu’ils comprennent que les personnes handicapées ne sont pas des personnes entièrement à part, mais, ce sont des personnes qui doivent pouvoir être intégrées dans le développement local de leurs communautés. A partir de ce moment, on pourra parler d’un développement local inclusif c’est-à-dire un développement qui tient compte les besoins de toutes les catégories sociales.

Nous avons également pour défi de faire appliquer la législation en matière de promotion des droits des personnes handicapées. On a une loi des promotions des droits des personnes handicapées qui prévoit les dispositions favorables aux personnes handicapées ; le Cameroun a ratifié en décembre 2021 la Convention des Nations-Unis relative aux droits des personnes handicapées ; le Code général des collectivités territoriales décentralisées qui aborde pas mal de questions qui peuvent intéresser les personnes handicapées à la vie publique. Il est question de travailler pour que ses textes soient d’abord vulgarisés et soient effectivement mis en application.

Plaidoyer noble. Qu’en est-il de la faisabilité ?

Rien n’est facile d’autant puisque l’arène politique est un domaine assez complexe où même des personnes qui n’ont pas de handicap ne s’épanouissent pas complètement. La participation des jeunes par exemple qu’on peut questionner. C’est clair que ce ne sera pas facile mais, avec un coaching, avec une bonne volonté, avec l’acceptation de son handicap, avec le dépassement de son handicap, on peut comprendre justement qu’on a un rôle à jouer parce que. Tant que les personnes handicapées ne se trouveront pas dans les instances de prise de décisions, leurs droits seront toujours bafoués, leurs besoins seront ignorés. Tout le combat de Sightsavers c’est pour résoudre cette question, parce que nous sommes convaincus que si les femmes handicapées se retrouvent dans les instances de prise de décisions, il n’y aura pas moyen que les problèmes qui les concerne soient encore oubliés. C’est pour véritablement donner corps à tout le contenu dans les différents instruments de protection des droits des personnes handicapées que nous voulons faire passer la personne handicapée de simple bénéficiaire à un potentiel acteur de développement véritable qui a de potentialités qui sont jusqu’ici faiblement exploités.

En quoi ces femmes peuvent-elles elles-mêmes participer à leur épanouissement dans le champ politique ?

Que ce soit des femmes handicapées elles-mêmes, et les parrains et marraines, pour nous il est important que ces deux jours d’échange puissent aboutir à la mise en œuvre effective de la feuille de route qui a été adoptée parce qu’il s’agit d’une première rencontre. On va pouvoir travailler justement sur la sensibilisation, le renforcement des capacités des responsables des partis politiques, des élus locaux pour mieux comprendre ce que c’est que le handicap, les droits des personnes handicapées, les éléments qu’il faut mettre en œuvre pour accompagner la participation des personnes handicapées. Nous attendons vraiment que d’ici l’année prochaine, l’on passe à une étape supérieure où l’on voit des parrains, marraines et leurs poulains évoluer un peu par rapport aux faiblesses individuelles qui ont été recensées. Les femmes handicapées, nous espérons en avoir comme candidates aux futures échéances électorales de 2025. Nous attendons également voir une transformation au niveau des parrains et des marraines qui seront des porte-paroles de la question du handicap au sein de leur formations politiques respectives afin qu’elles soient accessibles, que la voie leur soit ouverte pour un épanouissement complet.

Photo : Sandra Rimoh Dossou

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