Sa majesté Njitack Ngompé Pélé: Nous offrons notre hospitalité à toutes les personnes handicapées déplacées du Nord-Ouest et du Sud-Ouest
Le Roi, chef supérieur des Bafoussam parle de l’accueil réservé par ce peuple aux personnes en situation de handicap déplacées à l'Ouest du fait des exactions dans ces régions en proie à la crise sécuritaire. Le monarque évoque au passage la participation des personnes handicapées au Festival Nyang Nyang ouvert le 6 novembre 2022 pour une période de quatre mois. Entretien.
Par Guy Martial Tchinda
Comment se porte Bafoussam ?
Bafoussam se porte relativement bien d’autant plus que tout est calme, même si nous sommes sous pression depuis le début de la crise sociopolitique due à ces velléités dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest. Nous sommes sous pression tant sur le plan humain que dans plusieurs autres aspects de la vie du fait de la démographie galopante intervenue à la suite de cette crise.
Comment avez-vous fait pour maintenir la crise assez loin de Bafoussam et surtout pour en réduire les effets ?
Nous nous battons pour accueillir tous nos frères du Nord-Ouest et du Sud-Ouest qui se rabattent sur l’Ouest. On essaie tant bien que mal de leur offrir l’hospitalité légendaire qui caractérise les populations de notre région en particulier et le peuple Bafoussam en particulier. C’est pour cette raison qu’on donne beaucoup de conseils aux nôtres afin que l’intégration de ces autres compatriotes se fasse sans beaucoup de heurts. Jusqu’à présent d’ailleurs, il n’y a pas eu de heurts entre nos frères venus de ces régions et ceux de l’Ouest. En ce moment, la pression est beaucoup plus forte parce que nous nous rapprochons de la fin d’année civile, ce qui correspond à la période des fêtes. On a l’impression que les larcins sont très récurrents pendant cette période dans notre localité. Cela constitue une grande préoccupation. Non pas seulement pour les autorités traditionnelles mais également administratives et de maintien de l’Ordre qui font tout pour que cette insécurité n’atteigne pas les proportions inquiétantes.
Parmi les déplacés du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, on compte les personnes handicapées. Comment se fait l’intégration de cette couche vulnérable ?
Il y a beaucoup de ces personnes qui nous sollicitent dans le cadre des appuis et aides. A chaque fois que cela est possible, nous n’hésitons pas à apporter une contribution matérielle mais aussi l’encadrement socioculturel. Il y en a même déjà qui sont notables à la cour royale Bafoussam, il y en a qui ont bénéficié des fournitures scolaires que ce soit du Comité de développement, des personnalités, des Organisations non gouvernementales (Ong), des notables ou encore des reines. La solidarité est vraiment agissante pour ceux qui sollicitent l’appui pour que pression ne soit pas plus forte pour eux. Quand nous accueillons les populations déplacées, on ne fait pas de distinction entre les personnes valides et invalides. Nous accueillons tous ces enfants.
Avez-vous une idée du nombre de personnes handicapées déplacées du Nord-Ouest et du Sud-Ouest dans votre localité ?
Plusieurs organisations et Ong sont passées par ici (chefferie supérieure de Bafoussam, Ndlr) dans le sens de vouloir recenser tous nos frères venus de ces deux régions. Une campagne avait d’ailleurs été lancée à cet effet, mais ce n’est pas toujours évident d’avoir des bons chiffres parce que ce sont des flux qui viennent et repartent quand il y a un calme relatif. On ne peut donc pas dire avec exactitude le nombre de personnes accueillies. Nous avons instruit au niveau des quartiers le recensement des nouveaux arrivants mais nous n’avons pas encore un état global.
La chefferie supérieure Bafoussam accueille depuis le 6 novembre dernier le grand Festival Nyang Nyang. A quoi les populations du Cameroun auront-elles droit cette année ?
Le festival Nyang Nyang est un évènement qui est organisé tous les deux ans. Et cette année, comme par coïncidence, cela est tombé le 6 novembre, qui est une date anniversaire de l’accession de notre chef de l’Etat à la magistrature suprême. Nous avons commencé par célébrer cet anniversaire en matinée avant la cérémonie d’ouverture de ce festival qui dure quatre mois (novembre 2022-février 2023), avec des festivités une fois chaque semaine. On aura des spectacles culturels, l’initiation des jeunes à leurs us et coutumes, mais aussi spécialement le déploiement des notables sur la place des fêtes du Palais royal de Bafoussam. C’est l’occasion pour les touristes tant au niveau local que national de venir nombreux. Nous avons mis les petits plats dans les grands pour les accueillir comme on le fait chaque année. Cette 458e édition ne va pas déroger à la règle de l’innovation et de la popularité. Nous avons la chance que le COVID-19 qui a eu un coup sur les deux dernières éditions est aujourd’hui derrière nous au regard des assurances que nous donne le gouvernement. Nous invitons donc tout le monde à venir découvrir ce festival très couru.
Votre majesté, c’est quoi le Festival Nyang Nyang ?
C’est le festival culturel du peuple Fussep (Bafoussam, Ndlr). C’est un évènement qui permet au peuple Bafoussam de communier avec sa culture, et aux jeunes de mieux s’ancrer dans leur culture. On doit initier les jeunes de 7 à 15 ans aux us et coutumes Fussep afin qu’ils soient, demain, capables de défendre sur les plans culturel, socioéconomique, voire politique les valeurs que charrie ce peuple au cœur de la région de l’Ouest.
Cela veut dire que tout le peuple Bafoussam est initié…
Tout homme Bafoussam âgé de 7 à 15 ans passe à travers ces mailles à chaque édition, ce qui permet de l’identifier comme un véritable Fussep. Si vous ne passez pas par là, vous aurez quelque part un manquement qui va sans doute peser sur vous non pas seulement à ce moment, mais pendant toute votre existence. Pour être notable par exemple, il faut bien passer par là. C’est tout une école, l’école de la vie où on respecte un certain nombre de préceptes comme le droit de naisse, la reconnaissance des parrains dans notre société, l’endurance, la persévérance, le sens du partage etc. Bref des choses qui vont aider l’homme dans toute sa vie.
Les personnes handicapées sont-elles aussi concernées par l’initiation ?
Le Nyang Nyang est une danse inclusive. Personne n’est mis à l’écart lors de l’organisation de l’initiation à nos us et coutumes. La personne handicapée est une personne à part et nous leur devons un certain égard. Leur handicap n’est pas forcément le fait de leur propre chef. Nous ne faisons pas de discrimination en ce qui concerne les personnes handicapées, au contraire elles sont très bien encadrées. Ceux qui auront la chance de vivre le festival verront bien qu’il y en a qu’on porte à l’épaule lors des danses pour les soutenir dans leur état.
Qu’avez-vous prévu de spécial pour ces personnes vulnérables pour cette édition ?
Elles sont autorisées à participer à toutes les compétitions. Il y a les marathons du Nyang Nyang ; les concours Miss et Master ; les danses… Si elles éprouvent le besoin d’être partie prenante, rien ne les exclus des différents prix qui seront attribués.
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