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Culture - avril 9, 2023

Baptême : Il nait de nouveau après 43 ans de vie avec un polyhandicap

Après 24 heures de convulsion et 12 jours de coma alors qu’il n’avait que 5 ans, Victor Martial Kago Nandong a pu s’accrocher à la vie après des années d’hospitalisation. Rencontre avec un « miraculé » qui a pris sa première communion aujourd’hui, à 48 ans.

Par Guy Martial Tchinda

Pour la première fois, il est invité au repas du Seigneur. Victor Martial Kago Nandong a pris sa première communion ce 9 avril 2023, jour de Pâques. Ce, après avoir reçu, hier, les sacrements de baptême et de confirmation. Une naissance nouvelle dont sa famille est fière. Elle espère en fait qu’à travers cet acte, Dieu fasse un miracle pour cet homme dont la vie n’a pas du tout été rose au cours des 43 dernières années.

Aujourd’hui âgé de 48 ans, Victor Martial Kago Nandong a vu sa vie basculée au petit matin du 2 mai 1980. Il n’avait alors que 5 ans et élève à la maternelle. A l’origine, un paludisme grave. « L’enfant a fait brusquement un paludisme et il a convulsé. Nous nous sommes rendus au Centre de santé d’arrondissement de Ngoumou qui était non loin de chez nous. N’ayant pas eu les soins appropriés, nous avons cherché à rejoindre Yaoundé mais il n’était pas possible d’arriver au plus vite parce qu’à cette époque, il n’y avait que le train et il fallait attendre le lendemain », se souvient Nandong née Ngedia Victoire, la maman de Victor Martial Kago Nandong.

Sensible à la peine de cette famille, le directeur de l’école des instituteurs de Ngoumou mettra à disposition son véhicule pour transporter d’urgence le patient à Yaoundé. Toutefois, l’enfant convulsera pendant 24 heures sans interruption. Toute chose qui altère ses fonctions cognitives avant de le plonger dans un coma profond pendant 12 jours.

L’esprit Saint invoqué sur Victor Martial.

« Il est sorti du coma le 13e jour. Malheureusement pour nous, il a tout perdu : Les sens, la parole… Il était inerte et est resté couché. On nous a référé à l’Hôpital central de Yaoundé où nous avons fait un an d’hospitalisation », se remémore Nandong née Ngedia Victoire. « Le neurologue nous a ensuite envoyés au Centre national de réhabilitation des personnes handicapées Cardinal Paul Emile Léger d’Etoug-Ebe, quand l’enfant a cessé les épisodes de convulsions. Nous y avons également un an d’hospitalisation », poursuit cette institutrice de classe exceptionnelle à la retraite.

Les seules améliorations avec lesquelles le jeune garçon partira de ce Centre c’est qui sait désormais s’asseoir, ramper et faire quelques pas en station debout. Au moment où cette famille quitte définitivement l’hôpital, les spécialistes avouent ne plus rien pouvoir faire pour lui, non sans confier sa guérison à Dieu. Mais jusque-là, la famille croit dur comme fer que la situation de leur enfant va s’améliorer et que la solution se trouverait peut-être ailleurs.

« On a commencé à aller chez les marabouts et un peu partout, en quête d’une solution », confie sa maman. Le jeune garçon ne se débarrassera donc pas de sitôt du polyhandicap qu’il a contracte à la suite de tous ces malaises. « En plus de faire ses besoins sur place, il n’arrivait pas à manger, encore moins à boire tout seul. Il fallait tout faire pour lui. Et cela a été notre quotidien, son père et moi jusqu’à ce que son père décède en 2018 », explique sa maman.

Amortie par le poids de l’âge, Nandong née Ngedia Victoire qui se faisait aider par son petit-fils dans la prise en charge de son Victor Martial Kago a dû s’attacher les services, une accompagnatrice psychosociale. C’était en janvier 2023. Et trois mois après, elle est plutôt satisfaite des petits pas de son fils vers l’autonomisation. « Maintenant il se débrouille à se rendre tout seul aux toilettes pour ses besoins, il arrive à manger et à boire tout seul », se réjouit-t-elle.

Victor Martial Kago Banding, souriant quelques minutes avant son baptême.

Des avancées dont se satisfait l’accompagnatrice psychosociale. « Il y a un grand changement. Sur le plan personnel, il essaie de faire certaines tâches de la vie quotidienne. Le regard de l’entourage vis-à-vis de lui a beaucoup changé. Les gens l’évitaient mais grâce à nos actions, ils comprennent que c’est un être humain à part entière qui mérite d’être aimé », détaille Nadia Aliguena née Afana, accompagnatrice psychosociale.

Philippe Dongmo, le président d’Association des parents et amis solidaires des personnes handicapées du Cameroun a saisi l’occasion du baptême de Victor Martial Kago pour sensibiliser les parents sur la nécessité d’accompagner les personnes handicapées. Seulement par cette voie, a-t-il dit, on parviendra à mieux les intégrer dans la société.

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