Cameroun/Yaoundé: La surveillance environnementale de la poliomyélite telle qu’elle s’organise
Enquête sur une activité peu connue du Programme élargi de vaccination qui concourt à contenir cette maladie et à préserver la santé des populations.
Par Guy Martial Tchinda
Sur une piste boueuse et herbacée, une équipe de collecteurs d’échantillons du Programme élargi de vaccination se fraie du chemin. Ces hommes et femmes se rendent de bonne heure sur le site de prélèvement situé derrière le palais polyvalent des sports de Yaoundé. Quelques minutes plus tard, l’équipe arrive sur ce site infesté de toutes parts par de la matière fécale. Dans cet environnement nauséabond, quelques travaux préparatoires sont nécessaires avant la collecte de l’échantillon constitué essentiellement des eaux usées. « Nous arrivons ici entre 5h30 et 6h. Avant la collecte, on a un ensemble de fiches à remplir. Ensuite, nous remplissons certaines informations dans un outil électronique appelé ODK. Entre autres informations, remplit le nom du site, la date et l’heure de prélèvement ainsi que les coordonnées géographiques », explique Berthe Ngo Billong, superviseur de l’équipe de collecte.
Juste après, l’équipe installe son matériel de collecte: une glacière, un seau attaché à une corde, une bouteille vide, de l’eau de javel, de l’eau plate, du coton et du sparadrap. Par la suite, elle s’équipe de surblouse, de bottes de gants et d’une calotte. Une fois ces étapes franchies, la collecte peut commencer. Mais attention, elle ne se fait pas à tout moment. « Nous observons l’évolution des déchets et des odeurs dans l’eau. Et à partir du moment où on ressent une odeur très nauséabonde, on peut donc procéder à la collecte de nos eaux usées », poursuit le superviseur. L’échantillon en question est prélevé en deux temps, soit une demie bouteille à chaque fois, dans le canal du Mfoundi. Ce 16 août, l’eau noirâtre du canal est chargée des sacs d’ordures, mais surtout d’une suite interminable d’oranges pourries. L’on peut aussi distinguer dans cette eau qui circule à basse vitesse des herbes et les excréments.
Analyses
Les eaux usées captées à l’aide d’un seau rattaché à une corde sont aussitôt conditionnées dans la bouteille vide, le bouchon scellé avec du sparadrap et des informations utiles notées sur un bout de sparadrap sont collées sur la bouteille. La bouteille est ensuite nettoyée à l’eau de javel, puis conditionnée dans une glacière avec deux acclimateurs congelés.
Direction le Postes de réception des échantillons biologiques, situé au Programme élargi de vaccination. Ici, l’échantillon est reçu et la température d’arrivée contrôlée avec un thermomètre à sonde. « L’échantillon prélevé est acheminé à une certaine température. Une fois ici, on se doit de vérifier cette température avant de conserver l’échantillon dans un réfrigérateur à une température bien déterminée», apprend-on.
L’échantillon restera dans cette unité du Programme élargi de vaccination jusqu’à ce qu’il soit acheminé au laboratoire de référence pour analyse. Pour le moment, cette étape est assurée dans un laboratoire bien sécurisé du Centre Pasteur du Cameroun. Lequel analyse aussi les échantillons de la sous-région Afrique centrale. « Lorsqu’on a le résultat et qu’on se rend compte qu’il y a un variant de la poliomyélite en circulation, on fait une investigation après laquelle on fait une analyse de risque pour évaluer le risque de propagation dans la communauté ou dans le pays tout entier. En fonction du risque, des mesures sont prises. S’il y a nécessité d’une réponse vaccinale, le ministre de la Santé publique communiquera », explique Dr Éric Mboke Ekoum, chef section surveillance et réponse aux épidémies de maladies évitables par la vaccination au programme élargi de vaccination.
Mvog-Ada
Un tour à Mvog-Ada, lieu-dit poubelle-bar,site où le dernier cas de poliovirus dérivé de type 2 a été détecté, ça respire la misère. Derrière des maisons apparemment bien construites le long de la voie principale se cache, en contrebas, des cases de fortune construites en matériaux provisoires dans un marécage où règne insalubrité et promiscuité. Ici, les habitants partagent leurs quotidien avec des mouches et des ordures. Des latrines peu profondes construites le long des rigoles dans lesquelles elle répandent leurs contenus. Ça respire la merde un peu partout. Une véritable poubelle où les habitants mangent et dorment en toute quiétude. Ces derniers ne semblent guère se soucier d’une éventuelle contamination au poliovirus sauvage, virus responsable de la poliomyélite, une maladie très invalidante.
La poliomyélite est une maladie virale très contagieuse. Selon l’Organisation mondiale de la santé, le poliovirus envahit le système nerveux et peut provoquer une paralysie totale en quelques heures. « Le virus se transmet principalement par voie oro-fécale ou, moins fréquemment, par une voie commune (par exemple de l’eau ou de la nourriture contaminée) et il se multiplie dans l’intestin. Les premiers symptômes sont de la fièvre, de la fatigue, des céphalées, des vomissements, une raideur de la nuque et des douleurs dans les membres. Une infection sur 200 entraîne une paralysie irréversible (habituellement des jambes). 5 à 10 % des personnes atteintes de poliomyélite paralytique décèdent des suites d’une paralysie des muscles respiratoires », estime l’Oms. La poliomyélite affecte principalement les enfants de moins de cinq ans. Toutefois, toute personne non vacciné est un sujet à risque de contracter cette maladie, quel que soit son âge.
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