Dr Albert Ichakou: La consommation d’œuf améliore la santé cardio-vasculaire

Membre du Conseil d’administration de l’Interprofession avicole du Cameroun,  il parle des vertus de l’œuf de la poule et la nécessité d’en consommer assez régulièrement.

La 27^e Journée mondiale de l’œuf se célèbre demain, 13 octobre, sur le thème « Des œufs pour un avenir sain ». L’une des variétés de cet aliment qui est très prisée, c’est l’œuf de la poule. Qu’est-ce qu’un œuf de la poule ?

L’œuf de poule est un œuf amniotique et est composé  de 4 parties principales que sont : la coquille, le blanc, le jaune et les membranes. 

Quelles  en sont les valeurs nutritives ?

L’œuf de poule sans coquille procure 84 kcal / 351 KJ et apporte 8,3 g de protéines, 7g de lipides, 1,6 g de graisse assise, 18 mcg de folate et de 1.89 mcg vitamine D. D’ailleurs la  protéine de l’œuf est considérée comme la référence par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Pourquoi dit-on que l’œuf est aliment complet ?

L’œuf est en effet l’un des rares aliments à être considérés comme une protéine complète avec ses neuf acides aminés essentiels aux humains, qui sont incapables de les produire naturellement. C’est un aliment disponible localement, de meilleure qualité, et qui fournit le plus de nutriments possibles. Il est un allié de santé accessible à tous et  incontournable en cuisine.

Combien d’œufs un adulte doit-il consommer par semaine ?

Il y a encore quelques décennies, les experts en nutrition encourageaient les Hommes à limiter la consommation d’œufs, compte tenu de leur forte teneur en cholestérol, ce malgré leurs teneurs élevées en protéines de haute qualité ainsi qu’en plusieurs vitamines et minéraux. Aujourd’hui, il n’existe plus de limitation à la consommation d’œuf chez le sujet bien portant.

Mais il faut avoir les bonnes raisons d’en consommer aussi régulièrement… 

Outre les apports en nutriments (les vitamines D, B12, A, E, l’iode minéral, protéine,  oméga-3) la consommation d’œuf  améliore votre santé cardio-vasculaire. Les œufs sont riches en choline et  bétaïne. Ces nutriments sont connus pour leur action dans la prévention des maladies cardio-vasculaires. La choline participe à la formation des membranes cellulaires et est utile pour le fonctionnement du cerveau, y compris la mémoire. Elle est particulièrement importante pendant la grossesse et l’allaitement.

Bien plus, la consommation d’œufs aide à améliorer la santé oculaire. Le vieillissement de l’organisme s’accompagne aussi de celui des yeux. Les œufs sont recommandés pour les yeux. Le jaune contient une grande quantité de carotènes, en particulier la lutéine et la zéaxanthine, qui sont excellents pour prévenir la dégénérescence maculaire et la cataracte. La vitamine A de l’œuf est tout aussi essentielle pour une bonne vue. L’œuf aide à garder le poids car il est riche en protéines. Les protéines ont un effet plus rassasiant que les graisses ou les glucides. Elles augmentent la dépense énergétique, favorisent le développement musculaire. Ces protéines peuvent aider à réduire l’apport calorique total et favoriser la perte de poids.

Enfin, l’œuf aide à ralentir le vieillissement du cerveau. Le jaune d’œuf est en effet exceptionnellement riche en choline, un type de vitamine B, dont les vertus sur le cerveau ont été prouvées en 2011, par une équipe américaine, notamment dans la mémorisation et dans la diminution des risques de démences. La vitamine D, dont l’œuf est une des rares sources, exerce un effet protecteur et similaire sur le cerveau. La lutéine améliore aussi la vision nocturne et a fait ses preuves en conduite de nuit lors d’expériences scientifiques.

Certains nutritionnistes déconseillent justement la consommation abondante des œufs, estimant qu’ils contiennent un mauvais cholestérol ? Qu’en pensez-vous ?

Il s’agit là d’un mauvais procès fait à l’œuf dans les années 80. En 2023, les vétérinaires et les nutritionnistes vous diront, notamment grâce aux nombreuses études à travers le monde, que l’œuf n’est pas un ennemi du taux de cholestérol, même s’il en contient en quantité assez importante (210 mg pour un œuf, en moyenne). Car dans les faits, le cholestérol alimentaire affecte généralement assez peu le taux de cholestérol sanguin et, même lorsque c’est le cas (chez certains individus porteurs d’une particularité génétique), une étude finlandaise a montré que cela n’avait pas d’incidence sur le risque cardiaque et restait sans effet sur l’épaisseur des artères. Une méta-analyse publiée en 2013 n’a pas trouvé que les gros consommateurs d’œufs présentaient plus de risques cardio-vasculaires que les autres, qu’il s’agisse d’infarctus ou  d’accident vasculaire cérébrale (AVC). Rappelons  qu’en 2022, la production mondiale d’œufs a été de 14,5 milliards et qu’un mexicain consomme en moyenne 300 œufs par an ! La consommation dans notre pays est estimée à quelques dizaines d’œufs par habitant et par an.

Que prévoit l’interprofession avicole du Cameroun (Ipavic) pour la journée mondiale de l’oeuf ?

Pour cette annéene opération de valorisation de l’œuf sera organisée  dans les écoles et les médias à l’occasion de la Journée mondiale de l’œuf.  L’objectif majeur de l’Ipavic  est de sensibiliser les Camerounais en leur fournissant les informations nécessaires sur l’œuf, ses vertus et sur la filière de façon générale. Il s’agit de mettre en relief l’importance des œufs dans le régime alimentaire, leur composition et leurs caractéristiques nutritionnelles, leur utilisation et de lutter de cette façon contre la malnutrition, notamment infantile. 

Vous parlez de Ipavic, quelle est la situation des éleveurs de volailles aujourd’hui ?

Notre aviculture est dans le creux de la vague ! Plusieurs éleveurs sont au bord du gouffre. Cette célébration se déroule dans un contexte difficile marqué par la hausse vertigineuse des prix des matières premières (maïs, tourteau de soja) et la non-répercussion de ces charges sur le prix de vente de l’œuf. Il faut ajouter à cela le passif de l’influenza aviaire et du Covid, deux pandémies qui ont mis à mal toute la filière. Les éleveurs marchent sur les œufs. Plusieurs d’entre eux ont tout simplement réduit les effectifs de volaille d’autres, plus radicaux ont arrêté l’activité en attendant les signes d’éclaircie sur le marché de la volaille. IPAVIC continue d’accompagner les éleveurs, en prodiguant des conseils techniques pour mieux produire et réduire ainsi les coûts. Terminons en citant De Paul Eluard « Le passé est un œuf cassé, l’avenir est un œuf couvé ». Bonne fête aux aviculteurs et consommateurs d’œufs.