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Politique & Education - 4 semaines ago

Fête de la jeunesse : Des personnes déficientes auditives exclues du discours de Paul Biya

Faute de traduction en langue de signes de la version française de l’adresse du chef de l’Etat à la jeunesse, diffusée ce 10 février à la télévision nationale, de nombreuses personnes non-entendantes n’ont rien capté.

Léonie Lemougna Malonfo a pris toutes les précautions pour se libérer à temps afin de suivre le très attendu discours du Président de la République du Cameroun Paul Biya à la Jeunesse ce 10 février 2024. Mais à la différence de ses sœurs –entendantes- avec qui elle a suivi ce discours de bout en bout, cette jeune femme déficiente auditive n’a rien pigé, le temps de la diffusion, faute de traduction en langue de signes de la version française, la seule qu’elle maîtrise.

Déçue, cette jeune étudiante se sent exclue de l’adresse du président de la République. « Les personnes déficientes auditives tout comme les personnes entendantes ont le droit d’accéder aux informations diffusées par les autorités de leur pays. La non-traduction en langue des signes constitue une barrière à ce droit fondamental. Aussi la langue des signes est une langue à part entière, l’absence de traduction exclut de facto les personnes sourdes de la compréhension du discours présidentiel », déplore-t-elle. Non sans indiquer que la mise en circulation de la version Pdf de ce discours ne résout pas le problème. « Il y a des personnes qui ne savent ni lire, ni écrire ; mais elles connaissent la langue des signes », explique-t-elle.

Comme elle, une bonne partie de personnes déficientes auditives qui n’utilisent que la langue de signes française n’ont rien saisi du discours du chef de l’Etat. « Cela crée une inégalité d’accès à l’information et à la participation citoyenne. Ce discours du chef de l’État a abordé des enjeux nationaux importants. Sans traduction, les personnes sourdes sont privées de la possibilité de comprendre ces enjeux et de participer pleinement au débat public. Ce manque de traduction peut aussi renforcer le sentiment d’exclusion et de marginalisation de cette communauté, qui peut se sentir ignorée et non-considérée par les autorités et la société dans son ensemble », regrette Léonie Lumougna.

La non-traduction en langue des signes, même en partie du discours présidentiel est une violation du droit d’accès à l’information pour les personnes déficientes auditives. Le décret d’application de la Loi camerounaise de 2010 portant protection et promotion des personnes handicapées, signé le 26 juillet 2018, dispose en effet, en son article 22 que « l’Etat, les collectivités territoriales décentralisées et leurs démembrements assurent aux personnes handicapées l’accès à la communication et à l’information, à travers les procédés audiovisuels, les télécommunications et les supports divers ».

Lire aussi : Langue des signes: Le Cameroun veut adopter un code langagier officiel

Faut-il le rappeler, ce n’est pas la première fois que les personnes déficientes auditives éprouvent des difficultés à accéder au discours du chef de l’Etat. Le problème a d’ailleurs été porté à l’attention du ministre de la Communication en septembre 2023. Les personnes non-entendantes se plaignaient alors de l’utilisation d’un code langagier indéchiffrable pour la traduction en langue des signes du message à la nation du président de la République le 31 décembre 2022. Toute chose qui avait poussé le ministère de la Communication à envisager l’adoption d’un code langagier officiel.

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