Sandra Rimoh Dossou: Nous voulons amener les personnes handicapées intellectuelles à prendre elles-mêmes des décisions
La chargée des programmes Inclusion sociale à Sightsavers Cameroun parle de l’importance du renforcement des capacités des personnes déficientes intellectuelles à la prise de décision et aux élections.
Sightsavers Cameroun a organisé du 9 au 11 mai dernier un d’atelier de formation des personnes ayant une déficience intellectuelle sur la citoyenneté et la participation politique. Que retient-on au sortir de cette formation ?
Au terme de trois jours d’intenses travaux de réflexion, nous avons pu réaliser, avec les participants et les parties prenantes, que les personnes déficientes intellectuelles sont des personnes à part entière qui ont le droit de voter, de prendre des décisions, d’opérer leurs propres choix pour ce qui les concerne, mais également pour ce qui concerne la gestion des affaires de la cité. Il était donc question d’interpeller l’opinion publique, que ce soit au niveau national ou international, pour faire comprendre qu’il y a des aménagements raisonnables à faire pour que les conditions de vote soient plus accessibles aux personnes handicapées en général, mais surtout aux personnes déficientes intellectuelles, lesquelles font partie des catégories les plus oubliées lorsqu’on aborde les questions de promotion des droits de personnes handicapées.
Elles ont également formulé de nombreuses recommandations parmi lesquelles, la nécessité de rendre les informations sur le processus électoral accessibles, et la reconnaissance de leurs droits en tant que citoyens à part entière. Ceci dans le but de faire baisser les préjugés autour de la déficience intellectuelle afin d’avoir un processus électoral qui soit plus inclusif où , personne n’est laissé de côté, car la voix de chaque citoyen compte.
En parlant d’aménagements spécifiques pour un processus électoral inclusif, vous pensez à quoi exactement ?
Alors, en termes d’aménagements raisonnables, pour mieux le comprendre, il faut d’abord se référer aux barrières qui freinent la participation politique des personnes déficientes intellectuelles. Il s’agit entre autres, du manque de sensibilisation et de compréhension sur la déficience intellectuelle, de l’inaccessibilité de la communication l’information qui. Il y a également l’absence de soutien de bonne qualité et l’insuffisance des ressources pour soutenir l’inclusion.
Les solutions passent donc par la sensibilisation et l’accessibilité des informations relatives au processus électoral non seulement pour ce qui est du format, mais surtout du langage.
Les personnes déficientes intellectuelles ont également besoin d’accompagnement. Elles ont besoin d’une personne de soutien de qualité pour pouvoir participer à la vie politique et publique. Il faut donc, en plus d’un langage adapté, donner la possibilité aux personnes de soutien, de qualité, d’être présentes, de comprendre l’information et de leur permettre de transmettre cette information-là.
Il y a aussi la lutte pour faire baisser les préjugés et la stigmatisation. Parce que dans notre contexte, beaucoup assimilent encore la déficience intellectuelle à la maladie mentale, à la folie, aux troubles psychologiques, alors que la réalité est toute différente. Donc il y a un gros travail de sensibilisation qu’il faudrait encore faire auprès des membres de la communauté pour faire tomber ces préjugés et considérer la personne handicapée, déficiente, intellectuelle comme une personne à part entière et non comme une personne entièrement à part.
Vous n’avez formé qu’un échantillon de personnes handicapées intellectuelles. Quid des autres ?
Alors, Sightsavers, dans son approche d’intervention, travaille par projet pilote. Dans le cadre de la mise en œuvre de ce nouveau programme « A Better World» et des interventions que nous menons auprès des personnes déficientes intellectuelles, nous avons choisi de travailler dans les communes de Yaoundé 6 et de Yagoua. Nous voulons en fait accompagner les personnes déficientes intellectuelles à parler pour elles-mêmes et par elles-mêmes. Il est important que les questions qui les concernent ne soient plus portées par des personnes, des organisations, les membres de la famille, mais on voudrait faire de ces personnes déficientes intellectuelles, des auto-représentants, c’est-à-dire des personnes qui parlent pour elles-mêmes. Et c’est la raison pour laquelle l’équipe de facilitation qui nous vient de la Chrysalide, une ONG pour l’intégration des personnes déficientes intellectuelles du Bénin, (association membre d’Inclusion Afrique et Inclusion International), a inclus une personne auto-représentante, déficiente intellectuelle du Bénin, pour la facilitation de la formation.
En tant qu’organisation, Sightsavers est en train de travailler à capaciter le groupe qui a déjà été mis sur pied, qui a commencé à être formé depuis l’année dernière, à avoir ces mêmes capacités, ces rudiments techniques-là. Ce qui leur permettra de transmettre également les informations à leurs pairs qui ne sont pas dans la région. Après cette étape, nous sommes en train d’accompagner le réseau des organisations des personnes handicapées à travailler pour qu’on ait un groupe formalisé de personnes déficientes intellectuelles, qui promeut leurs droits.
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