Rachel Sylvie Edimo Mbappe: «Nous mettons l’accent sur la lutte contre les violences en milieu scolaire»
La déléguée régionale des Affaires sociales pour le Centre présente les pistes d’élimination des pratiques néfastes qui affectent les enfants et revient sur la particularité des activités organisées par la structure dont elle a la charge dans le cadre de la Journée de l’enfant africain.
Par Guy Martial Tchinda et Naomie Wadje
Le gouverneur de la région du Centre a procédé le 7 juin au lancement régional des activités marquant la commémoration de la Journée de l’enfant africain dans le Centre. Une cérémonie placée sur le thème «Elimination des violences affectant les enfants : progrès sur les politiques et pratiques depuis 2013 ». Mais vous mettez un accent sur la lutte contre les violences en milieu solaire. Qu’est-ce qui justifie ce choix ?
Dans la région du Centre, nous avons mis un accent particulier sur les violences en milieu scolaire parce que c’est un fait d’actualité. Les parents sont victimes, des enseignants aussi, sans oublier les enfants eux-mêmes. Nous nous sommes donc dit dans la région du Centre qu’il faut mettre un accent sur cette thématique pour que nous voyions ensemble ce qu’il y a lieu de faire. La lutte contre la violence en milieu scolaire n’incombe pas seulement à la délégation régionale des Affaires sociales pour le Centre. C’est un ensemble d’acteurs et de partenaires qui luttent au quotidien contre cette pratique néfaste pour les enfants. Le gouverneur du Centre a d’ailleurs créé une plateforme des acteurs de la protection de l’enfance dans sa région pour qu’ensemble tous ces acteurs réfléchissent pour trouver les voies et moyens pour mettre un terme à toutes les pratiques néfastes qui sont perpétrées contre les enfants et en particulier, la violence en milieu scolaire.
Qui est le responsable de la violence en milieu scolaire ?
Nous ne saurons rejeter la faute sur qui que ce soit. Le tort par apport à la violence en milieu scolaire est partagé, toutes les violences qui sont perpétrées en milieu scolaire commençant dans la communauté ou au sein de la famille. Tout enfant qui part de chez lui avec un couteau dans le sac ou avec une lame de rasoir, c’est dans l’esprit de pouvoir violenter son camarade. Dans ce cas, c’est tous les acteurs qui doivent se mettre ensemble : la communauté, les chefs traditionnels, les leaders religieux, etc. qui doivent se mettre ensemble pour lutter contre ce phénomène de violences. C’est pour cette raison que nous disons que les torts sont partagés. Nous ne saurons attribuer les violences en milieu scolaire à un acteur quelconque parce que l’enfant ne commence pas sa vie en milieu scolaire, il la commence au sein de la communauté.
Qu’est-ce qui empêche l’élimination des violences dans la société camerounaise aujourd’hui ?
Il y a des pratiques traditionnelles auxquelles qui demeure un frein à la lutte efficace contre les violences de manière générale et en milieu scolaire en particulier. Il y a des pratiques néfastes comme les mutilations génitales, nous avons les violences basées sur le genre, le repassage des seins… Ces pratiques qui sont culturelles constituent un frein et notre combat quotidien c’est d’en venir à bout.
Finalement, comment en sortir ?
Pour en sortir, il y a des stratégies qui sont mises en place. Je vous ai parlé de la plateforme mise en place par le gouverneur, il y a également le numéro 1503 pour dénoncer les actes de violence. Dans les chefferies, il y a des comités qui sont mis en place pour pouvoir dénoncer les actes de violence qui sont perpétrés sur les enfants.
Vous avez planifié une série d’activités au cours de ce mois pour marquer la Journée de l’enfant africain. A quoi aura-t-on droit concrètement ?
Disons que parmi les activités planifiées, certaines ont déjà eu lieu. La première activité qui s’est tenue le 6 juin dernier était le renforcement des capacités des anciens députés juniors issus de la 22e session auxquels nous avons associé un député junior de la 18e session et un autre de la 19e session pour accompagner leurs pairs. Cette session de renforcement des capacités a été faite en prélude de la campagne de sensibilisation que nous allons organiser dans les établissements scolaires. Nous savons que, pour que le message de lutte contre les violences porte, il faut que les enfants parlent à leurs pairs. Nous avons également d’autres activités, notamment une rencontre d’échanges entre les députés seniors, les députés juniors et magistrats municipaux. Il sera question au cours de cette rencontre que les anciens députés juniors sachent exactement comment est-ce qu’on fait pour devenir député seniors ; quel est le quotidien d’un député senior à l’Assemblée nationale et hors de l’Assemblée nationale ; qu’est-ce que le député senior fait pour la population qui l’a élu, qu’est-ce que les députés font pour les enfants…. Nous allons aussi aborder les aspects de la décentralisation et de l’inclusion pour comprendre ce que les magistrats municipaux font au quotidien pour l’inclusion. Ici, nous allons prendre un expert du ministère de la Décentralisation et du Développement local qui va parler aux enfants et les maires vont devoir répondre aux préoccupations des députés juniors. En ce qui concerne la sensibilisation dans les établissements scolaires à laquelle j’ai fait allusion, nous allons descendre dans cinq lycées qui ont été choisis à cet effet dans cinq arrondissements : Yaoundé 1er, 2e, 3e ,4e et 5e. Et là, les députés juniors vont procéder à la sensibilisation des autres enfants. Pour sensibiliser un nombre assez important d’élèves, nous avons opté pour le 17 qui coïncide avec le jour de la remise des bulletins, ceci de commun accord avec les proviseurs respectifs. Pour cette activité, le gouverneur a personnellement remis des outils de sensibilisation aux députés juniors. Ces derniers sont déjà prêts puisqu’au cours de la session de renforcement des capacités, on leur a donné suffisamment de de matière, de clés, et de techniques pour s’adresser aux enfants.
La problématique des enfants sans actes de naissance ne vous préoccupe-t-elle pas ?
Il y a les enfants abandonnés et égarés qui sont sécurisés dans les structures publiques et privées d’encadrement de la petite enfance. Tous ces enfants qui n’ont pas d’actes de naissance, nous allons les recenser avant d’engager la procédure d’établissement des actes de naissance.
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