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Santé & Env - mai 8, 2024

Mortalité maternelle et infantile: La riposte du Conseil régional du Sud

Cette collectivité territoriale décentralisée a offert 1500 chèques santé aux femmes enceintes du département de l'Océan hier, 7 mai.

Des femmes enceintes de Kribi et plus largement du département de l’Océan dans la région du Sud pourront désormais mener leurs grossesses à terme et donner naissance en toute sécurité dans une formation sanitaire sans rien dépenser. Elles ont reçu des chèques santé qui leur garantissent toute prise en charge de la grossesse à l’accouchement y compris les complications pouvant survenir, mais aussi le suivi de leurs bébés jusqu’à 42 jours après la naissance. C’était  hier 7 mai à Kribi. Un don du Conseil régional du Sud qui vise à mettre ces futures mamans à l’abri des risques financiers qui les exposent à une plus grande vulnérabilité.

« Par le passé, une femme enceinte devait dépenser en moyenne 60 000 Fcfa pour sa prise en charge. Des frais qui couvrent les consultations prénatales, le bilan biologique, les examens dont l’échographie. Sans  oublier les frais supplémentaires en cas de césarienne qui étaient évalués à 150 000 Fcfa dans une formation sanitaire publique. N’imaginons pas ce qu’elle dépenserait dans une formation sanitaire privée où la césarienne coûte plus de 250 000 Fcfa. Avec le chèque santé, les femmes enceintes reçoivent un paquet de soins nécessaires au bon déroulement de leurs grossesses », a expliqué le Dr José Andjembe Essola, délégué régional de la Santé publique pour le Sud. Non sans apprécier le geste du Conseil régional qui rentre dans le cadre de la mise en œuvre de la couverture santé universelle.

Au total, 1500 chèques santé distribués au profit des populations des trois districts de santé que compte le département de l’Océan. Emmanuel Mve Elemva, président du Conseil régional du Sud s’est d’ailleurs félicité de l’adhésion de la cible à cette distribution massive. « Je me réjouis de l’intérêt largement partagé par les populations cibles de cette 2e sortie de la caravane régionale concernant l’un des secteurs névralgiques de l’écosystème socioéconomique. Le chèque santé est un mécanisme de prépaiement des soins maternels et néonatals visant à réduire la mortalité maternelle et néonatale au moyen de la prise en charge de la femme enceinte. Le processus opère par la mise en place d’un système de subvention permettant le suivi intégral et sécurisé de la femme enceinte, de la grossesse jusqu’au suivi post-natal », a-t-il déclaré. « De toute évidence, le chèque santé apporte des solutions appropriées aux préoccupations dûment inscrites dans l’agenda social du Conseil régional du Sud. À travers cette marque d’attention à la vie de la femme, notre institution s’inscrit résolument dans l’exécution effective de ses dans le domaine de la santé », a-t-il poursuivi.

Le Sud barre la voie à la mortalité maternelle.

De manière extensive, détaille le président du Conseil régional, le chèque santé a pour objectif d’une part de faciliter l’accès des femmes enceintes aux soins prénataux induisant un taux de fréquentation accru des formations sanitaires par les futures mères et minimisant le risque du péril postnatal. D’autre part, d’améliorer la qualité de l’accueil et de l’offre des soins dans les formations sanitaires en garantissant aux personnels de meilleures conditions de formation et d’exercice de leur profession. 

Chèque santé: Une solution innovante à pérenniser

En remettant des chèques santé aux femmes enceintes de sa région de compétence, le Conseil régional du Sud se positionne comme la première collectivité territoriale décentralisée de ce rang à poser un tel geste. Un pas de plus dans la lutte contre la mortalité maternelle et infantile qui reste très élevée au niveau national, en dépit des efforts du gouvernement pour y faire face.

En effet, le Programme chèque santé démarre au Cameroun en 2015. Cette année-là, le taux de mortalité maternelle et infantile est encore estimé à 782 décès pour 100 000 naissances vivantes, selon le reporting de l’enquête démographique et de santé de 2011. Le Programme mis en place par le ministère de la Santé publique se propose d’attaquer le mal à l’une de ses racines les plus profondes. C’est ainsi qu’il est appliqué aux régions septentrionales du pays où, par manque de moyens, et du fait de certaines pesanteurs culturelles et même de l’enclavement de certaines localités, l’accès aux services de santé pour un accouchement sécurisé reste limité.

Une femme enceinte recevant son chèque de Emmanuel Mve Elemva, président du Conseil régional du Sud.

Mains inexpertes

Dans les faits, selon une enquête de l’Institut national de la statistique (Ins), publiée en 2015, seulement 25,2 % de femmes de l’Extrême-Nord ont accouché dans un espace médicalisé, et 34 % dans le Nord, contre 61,3 % au niveau national. Pire, certaines préféraient se tourner vers des accoucheuses traditionnelles, mettant leur vie et celle de leur progéniture en péril face à des mains parfois inexpertes. Bien plus, les conditions précaires dans lesquelles se déroulaient l’accouchement prédisposaient la mère et le bébé à des maladies diverses.

Le chèque santé, nouvelle arme contre ce « fléau », arrive pour limiter les risques financiers liés à une grossesse et offrir aux femmes enceintes une meilleure expérience. Comment ça marche? Le chèque santé est en réalité un mécanisme de prépaiement des services et soins de santé pour une grossesse et un accouchement sécurisés. Il s’obtient moyennant une somme de 6000 Fcfa. Et il prend en charge l’ensemble des coûts liés à la grossesse, à l’accouchement y compris les complications et la césarienne et le suivi du bébé jusqu’à 42 jours après la naissance. Les bénéficiaires paient certes un montant relativement négligeable, mais en retour, le coût réel des prestations dont elles bénéficient est supporté par des partenaires techniques et financiers du gouvernement.

Pendant trois ans, en addition aux autres efforts conjugués de l’Etat, la mise en œuvre du chèque santé accélère la baisse de la mortalité maternelle et infantile. L’Enquête démographique et de santé réalisée en 2018 chiffre alors à 406 le nombre de décès pour 100 000 naissances vivantes au Cameroun. Soit une réduction d’environ 40% par rapport au niveau de 2011. Un taux encore élevé. « Le ratio de mortalité maternelle au Cameroun indique qu’environ 4000 femmes meurent dans notre pays chaque année en donnant la vie. Le niveau de cette mortalité est resté élevé pendant plusieurs années dans notre pays », regrette en fin juillet 2021 le ministre de la Santé. Malachie Manaouda trouve cette situation « inacceptable », présidait une remise de kits de santé de reproduction à son département ministériel par le Fonds des Nations unies pour la population.

Pendant huit ans, le chèque santé n’était valable que pour les femmes des régions septentrionales. Il a fallu attendre 2023 avec le début de la mise en œuvre de la phase 1 de la couverture santé universelle pour qu’on l’élargisse à deux autres régions : le Sud et l’Est. Saisissant l’opportunité de cette ouverture, le Conseil régional du Sud qui offre 1500 chèques aux femmes enceintes de sa région veut améliorer les indicateurs de santé maternelle. Mieux, accompagner l’Etat dans l’atteinte des Objectifs de développement durable visant à passer en dessous de 140 décès pour 100 000 naissances vivantes.

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