Florida Tchana : Le visage derrière « Handicap sans visage »

Lorsqu’elle accouche de son troisième enfant il y a 18 ans, Florida Tchana ne se doute pas un seul instant de ce que celui-ci est victime des troubles du spectre autistique. « L’enfant à la naissance ne vous laisse pas voir qu’il est autiste. Vous avez un enfant qui paraît normal, qui a tout le développement normal, il évolue normalement. Sauf qu’à un moment, ça s’arrête, on ne sait pas pourquoi et c’est là que commence les questionnements », se souvient-elle.

Très vite, son enfant va afficher des comportements différents de ceux des autres. Il s’agit entre autres de l’arrêt du langage, beaucoup de violence et de nombreuses crises. Toutes choses qui ne la laissent pas indifférente. « J’ai été traumatisée », lance-t-elle. « Je n’avais jamais vécu ça en tant que maman, puisque j’étais à mon troisième enfant. C’était un véritable choc », poursuit-elle. Bien qu’étant encore sous le choc, cette dernière ne reste pas les bras croisée. Elle va tout de suite chercher à comprendre ce qui arrive à son enfant.

« On a suivi une batterie de consultations médicales spécialisées et autres. Aujourd’hui il va avoir 18 ans, donc ça fait 18 ans que je suis dans ce combat. J’ai pris une bonne dizaine d’années pour accepter cette situation, parce qu’on se remet toujours en cause, on se demande ce qu’on a fait à Dieu pour mériter ça. Et la société africaine nous amène toujours à regarder tout ce qui est mystique », détaille Florida Tchana, non sans dire combien le quotidien des parents d’enfants autistes est difficile. « C’est vraiment difficile, mais on n’a pas d’autre choix que de vivre avec ce handicap de l’enfant. Au quotidien, on essaie de trouver des solutions pour l’enfant et pour ne pas sombrer dans la dépression », renchérit-elle.

Ce quotidien l’a motivée à fonder, en 2020, « Handicap sans visage », une association destinée à accompagner et sensibiliser les familles d’enfants autistes. Ladite association a d’ailleurs saisi l’occasion ce 2 avril 2025, journée mondiale de sensibilisation à l’autisme, pour diffuser un film à Yaoundé, afin de sensibiliser le public sur cette maladie qui reste peu connue.