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Société - janvier 23, 2023

Iza Boukar : La miraculée de Tchakarmari

Âgée de 90 ans, cette dame qui a perdu la vue il y a une vingtaine d’années n’a eu la vie sauve que grâce à une sœur qui l’a guidée au plus fort du conflit de 2019 au cours duquel son village a été entièrement incendié.

Elle est doublement vulnérable. Iza Boukar est aujourd’hui affaiblie par le poids de l’âge. En plus, cette veuve de 90 ans qui vit à Tchakarmari dans l’arrondissement de Mora, dans le département du Mayo-Sava, depuis plus de 40 ans, a perdu la vue il y a une vingtaine d’années. C’est avec un pincement de cœur qu’elle raconte comment elle a quitté son Nigeria natal pour s’installer à Tchakarmari, ce village de l’Extrême-Nord régulièrement secoué par les incursions des attaques armées. « Je suis partie de mon village au Nigéria depuis une quarantaine d’années pour s’installer chez mon neveu ici à l’Extrême-Nord. Entre-temps, mon époux est mort. Mon handicap visuel a commencé il y a près de 20 ans. Quand j’avais la vue, je pratiquais mes activités agricoles et commerciales en toute tranquillité. Mais depuis que j’ai perdu la vue, ce sont mes neveux et leurs enfants qui s’occupent de moi », confie Iza Boukar.

Mais alors, comment vivre avec ce handicap visuel dans un village qui peut être attaqué à tout moment comme c’est souvent le cas ? Iza Boukar confie qu’au plus fort de l’incursion d’avril 2019, la plus importante du conflit armé qui sévit dans l’Extrême-Nord depuis 2013, elle n’a eu la vie sauve que grâce au miracle de Dieu. « Lorsque les hommes armés sont venus, ils ont mis le feu à toutes les concessions. Et comme c’était fait en tiges de mil, tout a complètement brulé jusqu’à nos céréales et nos denrées alimentaires. J’ai eu la sauve parce qu’une de mes sœurs m’a trainé avec elle et nous sommes allées nous cacher dans une broussaille à quelques encablures du village », raconte-t-elle.

Elle se remémore encore avoir perdu sa sœur dans les flammes. Cette dernière ne pouvant se déplacée, car victime d’un handicap moteur. Iza Boukar précise que « toutes les personnes qui ont trouvé la mort au cours de cette attaque étaient des personnes âgées ou handicapés qui ne pouvaient fuir. C’était vraiment horrible ». Un épisode qu’elle trouve la force de raconter, avant d’éclater en sanglots. L’espoir qui maintient cette nonagénaire en vie, c’est le calme précaire qui règne sur le village et l’ensemble de la région en ce moment.

Aujourd’hui, Iza Boukar essaie, comme tous les habitants de Tchakarmari et malgré son âge avancé, d’oublier ce triste souvenir. Avec l’appui des partenaires au développement dont le CICR, les conditions d’un retour à la vie normale sont en train d’être réunies. À titre d’illustration, le village est déjà alimenté en eau grâce à un forage moderne construit par cette organisation humanitaire. « Grâce au forage solaire construit par le CICR, nous avons désormais accès à l’eau potable. Avant, on buvait de l’eau sale puisée dans les marres ou bien il fallait faire des kilomètres à pieds pour aller se ravitailler au puits », se réjouit-elle. Comme Iza Boukar, d’autres personnes âgées et handicapées apprécient cette œuvre du CICR qui est une contribution à leur résilience.

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