Journée internationale de la liberté de la presse: L’intégralité de la déclaration du ministre de la communication, à l’occasion de la célébration de l’édition 2024
René Emmanuel Sadi a rappelé les démarches entreprises dans le but de revoir à la hausse, l'appui institutionnel aux organes de presse à capitaux privés
Ladies and Gentlemen
As has been the tradition since 03 May 1993,
Cameroon, together with the International
Community, is today celebrating the 33rd edition of
World Press Freedom Day.
It should be recalled that World Press Freedom Day
serves above all to remind our governments of the
need to respect their commitment to press freedom.
C’est aussi l’occasion pour l’ensemble de la
communauté médiatique de réfléchir sur les
questions relatives à ses devoirs fondamentaux, et
plus particulièrement, au respect de l’éthique et de la
déontologie dans l’exercice du métier de journaliste.
La Journée Mondiale de la Liberté de la Presse
permet également de jeter un regard sur les
conditions multiformes dans lesquelles les médias
exercent, notamment sur l’épineuse question de la
sécurité des journalistes, parfois mise en péril à
travers le monde.
Pour cette année, l’UNESCO a choisi de placer la
33ème édition de la Journée Mondiale de la Liberté de
la Presse sous le thème suivant : « La presse au
service de la planète : crise environnementale et
urgence du journalisme ».
En faisant ce choix, les Nations Unies veulent sans
doute engager la presse à une prise de conscience de
sa responsabilité et du rôle qu’elle peut et doit jouer,
face à un enjeu crucial de la planète tout entière, à
savoir, la crise environnementale et ses
conséquences sur l’évolution du monde, et
singulièrement, sur la vie des populations.
Et, parlant de cette crise environnementale ou crise
climatique, les experts en la matière s’accordent à la
définir comme étant l’ensemble des phénomènes se
traduisant, entre autres par l’augmentation des
températures, les perturbations des saisons, des
sècheresses sévères ou encore la dégradation des
écosystèmes ainsi que la diminution de la
biodiversité.
Les effets de la crise environnementale peuvent aussi
se traduire par des crises sociales et économiques, à
l’instar des mouvements migratoires de masse, des
pénuries agricoles et alimentaires, des catastrophes
naturelles.
C’est dire à la lumière des quelques conséquences
que je viens de citer, que la crise environnementale
représente à l’évidence, un danger de taille pour
l’humanité tout entière.
Voilà pourquoi, à l’instar d’autres Etats, le Cameroun
accorde toute l’attention qu’il mérite à l’enjeu du
changement climatique, ainsi qu’en témoigne sa
participation active à toutes les assises
internationales consacrées à cet enjeu planétaire.
En effet, après avoir adhéré le 23 juillet 2002 à la
Convention cadre des Nations Unies sur les
changements climatiques, encore appelée
« Protocole de Kyoto », visant la réduction des
émissions des gaz à effets de serre, notre pays a
régulièrement participé aux différentes Conférences
des Etats signataires de ladite Convention, au cours
desquelles est examiné le degré de mise en
application des engagements pris par les Etats pour
lutter contre le dérèglement climatique.
A chacune de ces instances, le Cameroun a fait
entendre sa voix, appelant à l’urgence de préserver la
planète pour les générations actuelles et futures à
travers des solutions pérennes.
L’engagement du Cameroun pour la cause
environnementale demeure donc constant.
Aussi sommes-nous en parfaite convergence de vue
avec l’UNESCO, à la fois sur le choix du thème de
cette année et sur le rôle assigné à la presse dans la
croisade mondiale pour la protection et la
préservation de l’environnement.
Il s’agit ici de parvenir à un niveau d’engagement
significatif, à travers lequel les journalistes traiteront
de manière objective les questions
environnementales et leurs conséquences, dans le
but d’informer, d’éduquer et de sensibiliser les
différentes parties prenantes à l’exploitation
rationnelle et responsable des ressources naturelles.
Cet engagement est d’autant plus impérieux qu’au
travers de la désinformation et de la mésinformation,
des informations fallacieuses ou spécieuses sont
véhiculées et diffusées sur les causes et les
conséquences des changements climatiques, semant
le doute parmi les populations et hypothéquant les
efforts entrepris par les Etats pour faire face à ce
péril qui se fait de plus en plus prégnant.
Les principaux instruments internationaux en la
matière, à savoir, la Convention cadre des Nations
unies sur le changement climatique et l’Accord de
Paris, constituent de ce point de vue des rampes
d’appui fondamentales.
Elles donnent au grand public une information fiable
sur les problématiques environnementales, comme
autant d’éléments clés permettant d’inciter les
populations à s’engager en faveur de l’action
climatique.
Il incombe alors aux Gouvernants de chaque Etat
d’accorder à la protection des journalistes et de la
sphère communicante en général, toute l’importance
qu’elle mérite, tant il est vrai qu’ils peuvent et doivent
constituer des relais efficaces dans la sensibilisation
de tous contre les changements climatiques.
Dans cette perspective, les programmes d’éducation
aux médias et à l’information deviennent une
opportunité visant à susciter et à consolider l’esprit
critique, en particulier au sein des populations jeunes
et des couches paysannes.
C’est donc le lieu ici de mettre le journalisme à
l’épreuve des enjeux du développement durable et de
la survie de la nature.
Ce journalisme que nous appelons de tous nos vœux,
parce qu’il doit mettre en jeu ses atouts de liberté et
son savoir-faire, se veut un journalisme de
développement appelé à prendre une part active dans
les combats contre les défis de l’heure, notamment
les migrations clandestines, les déplacements des
populations, les pénuries en ressources de base,
l’appauvrissement des sols lié à de mauvaises
pratiques culturales, les déboisements sauvages et
j’en passe.
Sous ce rapport, il y a lieu d’attirer l’attention sur le
rôle néfaste qu’induit un mauvais usage des réseaux
sociaux dans ce domaine, et d’œuvrer à leur
utilisation à la fois constructive et responsable.
Mesdames et Messieurs,
La célébration de la présente Journée Mondiale de la
Liberté de la Presse nous donne aussi l’opportunité
de jeter un regard rétrospectif sur l’état des lieux et
la situation des médias au Cameroun.
Comme vous le savez tous, il y a plus de trente ans le
Cameroun s’est résolument engagé dans la voie de la
construction d’une presse libre et indépendante.
A la faveur de la loi du 19 décembre 1990 relative à la
liberté de la communication sociale, notre pays a
institué la liberté de publier et la liberté
d’entreprendre dans le secteur des médias, suivies
quelques années plus tard par l’abrogation de la
censure administrative préalable.
Grâce à ces avancées aux plans juridique et
institutionnel, notre pays connaît à ce jour un
pluralisme médiatique plus qu’appréciable et une
liberté de ton dans les médias, sans autre entrave que
celles dictées par les règles professionnelles en la
matière.
Il ne fait donc l’ombre d’aucun doute que les
journalistes exercent leur métier au quotidien au
Cameroun en toute liberté et en toute indépendance.
En dépit de ces acquis notables dont nous pouvons
tous être fiers, force est de constater pour le
regretter, la récurrence ces derniers temps dans le
paysage médiatique camerounais d’un certain
nombre de dysfonctionnements et de dérives.
Au rang de ces carences, on note une propension à la
diffamation, à l’injure et à d’autres atteintes
injustifiées à l’honneur et à la dignité, sans que les
victimes de telles offenses aient la possibilité de se
défendre.
Il en est de même de la montée en puissance des
discours de haine et des incitations à la violence.
On peut aussi déplorer la transformation des plateaux
de débats dans les chaînes de radios et de
élévisions, en de véritables juridictions qui, au
quotidien ainsi qu’au vu et au su de tous, rendent des
sentences le plus souvent arbitraires et sans appel.
Dans ce tableau figurent aussi les invectives
infondées contre les dépositaires de l’autorité
publique, les appels à l’insurrection populaire et à la
sédition, la diffusion d’images choquantes et portant
atteinte aux bonnes mœurs, à l’intimité de la vie
privée, et j’en passe.
Ces dérives que je viens d’énumérer et qui à
l’évidence, constituent une grave menace aux droits
de la personne humaine, et pour l’image et la
perception que le public a des médias en général,
sont amplifiées par les réseaux sociaux.
Il va sans dire que l’effet ainsi produit à travers ces
nouveaux médias heurte à tout le moins la
conscience collective, de par la violence, la gravité
et la brutalité des messages diffusés.
Mesdames, Messieurs,
Bien que la presse camerounaise évolue dans un
environnement qui lui permet d’exercer librement, le
principal défi auquel elle est confrontée demeure,
nous le disons une fois de plus, l’amélioration de ses
conditions de viabilité économique.
C’est dans cette optique que le Gouvernement de la
République a engagé une série de réformes visant
notamment la poursuite du plaidoyer en vue du
relèvement substantiel de l’enveloppe destinée à
l’appui institutionnel de l’Etat aux médias à capitaux
privés.
Dans le même temps, l’aboutissement dans un proche
avenir des textes d’application de la loi n°2015/007 du
15 avril 2015 régissant l’audiovisuel au Cameroun,
enclenchera le processus de mise en place d’un
Fonds spécial de développement de l’audiovisuel.
Il nous faut aussi, tout en tirant avantage des
innovations que propose l’intelligence artificielle,
mettre en place des mécanismes d’appropriation et
de régulation endogènes, de manière à sauvegarder
les bases de données propres à notre pays, et à nous
mettre à l’abri aussi bien des dysfonctionnements
que de la dénaturation de nos réalités intrinsèques et
nos identités culturelles.
Mesdames, Messieurs les Professionnels des médias,
La 33ème édition de la Journée Mondiale de la Liberté
de la Presse, vous convie à prendre votre part dans
cette campagne que nous devons mener, tant à
l’échelle nationale qu’internationale, pour freiner, à
défaut de stopper le réchauffement grandissant et
effrayant de la planète Terre.
Aucun pays au monde n’est aujourd’hui épargné.
La crise environnementale n’est pas une fiction mais
une réalité dont nous voyons, vivons et ressentons les
effets dans notre pays comme partout dans le monde.
Il s’agit pour les professionnels des médias, de faire
face à ce danger qui nous menace et de contribuer,
avec des armes aussi redoutables qu’efficaces dont
vous disposez, à l’effort collectif entrepris par l’Etat
pour préserver notre environnement si riche et si
généreux dont la providence a gratifié le Cameroun.
Il en va assurément de notre survie commune.
Mais, cette journée est et demeure en premier,
l’occasion qui nous est donnée de célébrer toutes les
libertés, d’exalter singulièrement celle de la presse,
toutes constituant le socle sur lequel reposent l’Etat
de droit et la démocratie dont nous travaillons sans
cesse à la consolidation.
Nos avancées dans ce domaine sont remarquables et
le Cameroun peut aujourd’hui, au bout d’une trentaine
d’années d’apprentissage et de maturation,
s’enorgueillir de figurer en bonne place dans le
concert des nations démocratiques.
Il nous faut continuer d’en profiter, d’en tirer
avantage, d’en bénéficier autant que possible mais en
toute responsabilité si nous voulons faire de cette
liberté et de notre démocratie, non pas une source
d’instabilité, mais un facteur de stabilité et de
progrès.
Mesdames et Messieurs,
C’est sur ces mots que je vais clore mon propos et
souhaiter que vive la liberté de la presse.
Je vous remercie de votre bien aimable attention.
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